La ballade des mots

La ballade des mots

Lettre à mon père

 

Je trouve aujourd'hui le courage de t'écrire ces quelques mots car, ça y est, je suis prête, prête à aller de l'avant après vingt-cinq ans de souffrance.

 

Bien sur, j'aurai aimé que tout s'arrange, que nous puissions former une famille comme les autres, mais je me suis fait une raison, cela n'arrivera jamais.

 

Mes mots sembleront certainement cruels pour certains mais ils sont la réalité et aujourd'hui, je suis suffisament forte pour les prononcer.

 

Je n'étais en rien coupable de tes crises et personne n'a le droit de vivre ce que j'ai vécu, ce que tu m'as fait endurer, toi, mon enfer personne, toi, mon pire cauchemar... et pourtant c'est ton sang qui coule dans mes veines.

 

Mais je m'en suis sortie, alors aujourd'hui je peux te le dire, tu es un monstre de la pire espèce qui ne mérite pas la vie et encore moins le bonheur que tu as maintenant.

 

Pourtant, je t'ai longtemps plaint, j'ai longtemps pensé que rien n'était de ta faute, que l'alcoolisme était une maladie. C'était en partie vrai. Tu étais malade, mais maintenant que tu es guérit, je me rends compte que le monstre est toujours présent. Donc, conclusion, tout est de TA faute.

 

Tu as fait de mon enfance un enfer, m'as privé des moments de bonheur auxquels j'aspirais et avais droit. Tu m'as plongé dans les pires tourments, m'anéantissant tant physiquement que psychologiquement.

 

Je ne sais pas comment j'ai pu survivre mais dès aujourd'hui je promet de passer le reste de ma vie à tenter de t'oublier car je sais que c'est le mieux que j'ai à faire.

 

Les gestes, les insultes étaient déjà de trop mais l'abandon et l'oublie furent bien pire. La maladie soignée, tu as souhaité tirer un trait sur tout ce qui te la rappelait, et nous en faisions partie, nous étions un fardeau pour toi, alors, tu nous as laissé, sans argent ni toit, mais surtout sans père et sans mari, sans même le moindre regret ni la moindre excuse.

 

Personne n'y croit, c'est pourtant vrai, un tyran, un monstre, tu n'es rien de plus... C'est du moins ce que tu étais pour moi jusqu'à aujourd'hui, car dès maintenant tu n'es plus tout ça, tu n'es plus rien du tout.

 

Maintenant, plus forte que jamais, j'ai le courage de clamer que, certes, un père c'est précieux, on n'en a qu'un, mais que parfois, il est préférable de ne pas en avoir surtout quand sa présence fait plus de mal que son absence.

 

Va en enfer!



15/10/2012
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